Droits TV : Que vaut la Ligue 1 ?
ON REFAIT LE SPORT analyse la renégociation des droits télé
Rien ne va plus dans le petit monde fermé des Droits Télé. Depuis la
présentation des packs mis à la disposition des diffuseurs dans le prochain
appel d'offres, Canal Plus et la Ligue semblent se livrer une guerre des mots et
des intentions. Cette affaire de gros sous connaît un nouveau
rebondissement, puisque Canal Plus vient de saisir le Conseil d'Etat ainsi que
le TGI (Tribunal de Grande Instance) de Paris, afin d'interrompre la procédure.
Soucieuse d'équilibrer ses comptes depuis la fusion avec TPS, la chaîne payante
ne souhaite plus débourser autant d'argent que par le passé pour un championnat
quelle juge en perte de vitesse, à tort ou à raison.
En effet, lors des précédentes négociations, la Ligue de Football Professionnel
(LFP) de Monsieur Thiriez avait obtenu 650 millions d'euros pour la
retransmission du championnat (Canal Plus), du magazine du dimanche (France 2)
ainsi que des coupes nationales (Eurosport, France 2), le tout pour une durée
de deux ans. L'ouverture de ce vaste appel d'offres devrait (ou devait) engendrer une
concurrence féroce entre les diffuseurs potentiels. Or, Canal Plus par la voix
de son Président annonçait récemment qu'il n'y aurait pas de proposition
supérieure aux 650 millions déjà acquis deux ans auparavant. D'après la direction
de la chaîne cryptée, la Ligue 1 souffrirait d'un déficit d'audience (environ
14% de perte toujours selon l'estimation de la chaîne).
Raison invoquée, la faible qualité de notre championnat n'encouragerait pas le
téléspectateur à la même assiduité que par le passé. Canal Plus allant même
jusqu'à menacer de ne plus se porter acquéreur, arguant de la désaffection
manifeste de son auditorat, minimisant ainsi l'impact de la disparition de ce
programme quasi hebdomadaire qui avait fait la force de sa grille dès son
lancement en 1986. Toutefois
bien que la chaîne ait mise ses menaces à exécution via un assignement en justice,
Comment cependant ne pas donner en partie raison à la chaîne lorsque
effectivement bon nombres d'observateurs mettent en exergue un appauvrissement
de la Ligue1, principale pourvoyeuse de joueurs pour la Premier League
Anglaise, la Liga Espagnole, le Calcio Italie et désormais même la Bundesliga
(Ribéry en étant le dernier exemple en date). De nombreux joueurs ont quitté la
France ces 6 dernières années, et parfois il ne s'agit pas de footballeur de
premier plan, même les joueurs moyens désertent notre championnat, à la
recherche de salaires plus confortables, désireux de se frotter à ce qu'il se
fait de mieux en Europe en terme sportif. La Ligue1 serait-elle donc condamnée
à devenir un championnat anonyme de plus, aux cotés des joutes Hollandaise,
Portugaise et même Belge? Peut-être est-ce déjà trop tard ?
La LFP souhaiterait dans cette optique de redressement du championnat que les
droits se négocient à la hausse, entre 700 et 900 millions d'euros. D'après une
estimation de l'omnipotent Jean-Michel Aulas (président de l'OL), la Ligue1
vaudrait 900 millions d'euros. La somme parait excessive, étant donnée les
résultats sur la scène européenne de nos clubs. Leurs maigres bilans
plaide en sa défaveur:
- Toulouse éliminé de la Champion's League, de l'Uefa Cup et 17ème du
championnat
- Rennes quasi-éliminé en Uefa et 7ème en perte de vitesse, accumulant les
contre-performances,
- Lens (12ème) et Sochaux (19ème) sortis prématurément au premier tour de
l'UEFA.
Que dire de Marseille (16ème) et de Lyon (1er), certes tout deux en ballottage
pour un accessit aux huitièmes de finale de la Champions League et qui
pourraient se retrouver 3ème de leur groupe respectifs et reversés en Coupe
UEFA. Pis encore pour l'OM qui avec une victoire de Liverpool au Vélodrome
conjugué à une victoire de Bésiktas à Porto, se verrait tout simplement éliminé
de toute compétition européenne. Seul les Girondins de Bordeaux (3ème) ont déjà
décroché leur billet pour les 16èmes de finale de l'UEFA. Triste bilan s'il en
est que celui des escouades Françaises.
Cette démonstration sans prétention prouve à quel point il sera difficile de modifier la donne économique, d'autant plus si demain les plus belles affiches du championnat se résumaient à de pauvres Nancy-Valenciennes ou Caen-Lorient (mais nous n'en sommes pas encore là). Seuls les supporters de ces clubs seraient ravis, mais ils déchanteraient en coupe d'Europe, et le championnat Français déjà relativement anonyme n'en serait que plus marginal. Comme il n'existe pas de remède miracle, la Ligue table donc sur cet appel d'offres, en multipliant les possibilités de diffusions, que ce soit par le biais de la téléphonie mobile, d'internet ou de la télévision. Cela sera-t-il suffisant pour relever le niveau de la Ligue 1 ? Rien n'est moins sûr. Réponse le 31 janvier 2008 au soir, à moins qu'il y est un énième rebondissement dans cette histoire.